BLOG Innovation
Retour
22/04/2019

> Innovations positives et responsables

Suez inaugure un nouveau puits de carbone à Créteil

Par Marion Heilmann

Article publié le 9 avr. 2019 à 9h36, mis à jour le 11 avr. 2019 à 14h48

Le spécialiste de la gestion de l'eau et des déchets a mis en service fin mars 2019, en partenariat avec Fermentalg, un nouveau puits de carbone à base d'algues pour dépolluer une partie des rejets de CO 2 de l'usine d'incinération de déchets de Créteil.

La « colonne morris de la dépollution de l'air », comme l'appelle Marie-Ange Debon, la directrice générale France de Suez, commence à faire des petits. Le groupe a présenté récemment son dernier puits de carbone sur le site de l'unité de valorisation énergétique Valo'Marne à Créteil. C'est le quatrième développé par Suez avec la start-up  Fermentalg , après les dispositifs mis en place à Colombes,  Paris et Poissy, mais le premier installé sur un site de traitement de déchets.

Cette colonne de 400 litres d'eau mélangée à des microalgues éclairées par des leds, doit permettre de dépolluer une partie de l'air du site industriel. Une petite quantité de microalgues est introduite dans la cuve. Grâce à la photosynthèse, les micro-organismes captent le CO2, se multiplient et rejettent de l'oxygène. Au fur et à mesure que les microalgues se reproduisent, l'eau va prendre une teinte beaucoup plus foncée. La culture sera alors purgée pour être envoyée dans le réseau d'assainissement, jusqu'à la station d'épuration d'Achères afin que cette biomasse soit transformée en biométhane, une énergie verte renouvelable, qui pourra alors alimenter le réseau de gaz de ville.

Cette innovation présentée à la COP21 en 2015 en est encore à un stade expérimental. « Aujourd'hui nous visons l'absorption d'une tonne de CO2 par mètre cube et par an, explique Jérôme Arnaudis, chef du projet chez Suez. Dans un mètre cube, nous arrivons à capter l'équivalent de l'action d'une centaine d'arbres. Celui-ci fait 400 litres. Nous visons donc une quarantaine d'arbres. »

Soit une infime partie du CO2 rejeté par Valo'Marne, comme l'a rappelé Axel Urgin, le président du Syndicat mixte intercommunal de Traitement des Déchets Urbains du Val de Marne (SMITDUVM). Alors que l'usine de Valo'Marne rejette 100.000 tonnes de CO2 par an, le puits de carbone ne pourra en traiter que 0,4 tonne.

Première étape de la modernisation de Valo'Marne

La construction de ce type de puits prend 3 à 6 mois, et le dispositif ainsi que la première année de test ont un coût de 150.000 euros. « Le but, c'est d'apprendre le plus vite possible et de monter en puissance », explique Jérôme Anaudis. Si les résultats sont au rendez-vous, le PDG de Fermentalg, Philippe Lavielle, lui, pense déjà ce que pourrait donner une installation à grande échelle : « Pour avoir la capture de CO2 équivalente aux arbres de toute la ville de Paris et des bois, cela représenterait une cuve de 7 mètres de diamètre et de 10 mètres de haut. On peut alors imaginer qu'une mise en échelle aurait un fort impact sur les taux de carbone. »

Un autre puits est déjà en projet en région. Et Suez travaille, en partenariat avec la RATP,  sur une solution de purification de l'air par ionisation positive avec une valorisation des particules captées dans une station de métro parisienne.

Sur le site de Valo'Marne, c'est une première étape de la modernisation de l'usine d'incinération de Créteil, dont le SMITDUVM a attribué à Suez il y a plus d'un an, en partenariat avec Tiru, la concession de travaux et l'exploitation pour 20 ans, à hauteur de 900 millions d'euros. Le projet prévoit notamment une nouvelle ligne d'incinération, le développement d'une station d'hydrogène et la construction d'une serre urbaine et pédagogique.


Source : https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-des-marches-publics/suez-inaugure-un-nouveau-puits-de-carbone-a-creteil-1007778