BLOG Innovation
Retour
04/09/2017

> Innovations positives et responsables

A Paris une colonne dépolluante à base d’algues pour améliorer la qualité de l’air

Par Camille Mordelet
Article publié le 18 août 2017 à 14h02, lesechos.fr

Installé sur le carrefour d’Alésia (XIVe arrondissement de Paris), un « puits de carbone » est en phase de test depuis 2017. Il fonctionne avec des microalgues.

L’inspiration est lointaine, mais assumée. Le design de la colonne Morris, mur d’affichage connu des Parisiens, a été utilisée par Suez environnement pour concevoir un prototype de « puits de carbone ». Les passants de la place d’Alésia (XIVe arrondissement de Paris) côtoient depuis juillet une colonne dépolluante transformant l’air pollué en air purifié à l’aide de microalgues. Le choix de la capitale pour expérimenter ce dispositif (POC : Proof of Concept) ne doit rien au hasard : Paris est régulièrement pointée du doigt pour la mauvaise qualité de son air.

Le processus, développé en partenariat par Suez et l’entreprise Fermentalg, basée à Libourne (Gironde), possède un double objectif :

  • Réduire la concentration de CO2 dans les zones où la qualité de l’air est médiocre,
  • Tout en produisant de l’énergie verte.
Le concept, présenté pour la première fois en 2015 à l’occasion de la COP21, s’inspire des propriétés purifiantes des algues sur l’eau.
 
Fermentalg va démarrer la production de ses microalgues loin de Libourne

Ce « puits de carbone » fonctionne avec le principe de la captation du CO2 par photosynthèse. Les microalgues sont mises en culture dans l’eau et captent la pollution ambiante pour se nourrir et se développer via un système de ventilation. L’air purifié par ce procédé naturel est ensuite rejeté à l’extérieur.

Le prototype d’Alésia est le deuxième du genre mis à l’essai par Suez. Un « puits de carbone » est accueilli depuis janvier 2017 par le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP), au sein de l’usine de traitement des eaux usées de Colombes, dans les Hauts-de Seines. Les plantes captent les fumées rejetées par le four d’incinération des boues de l’usine et s’en nourrissent. « Nous sommes agréablement surpris des résultats que nous obtenons à Colombes depuis sept mois. Nous pensions que la durée de vie des microalgues serait de trois mois, mais le besoin de les renouveler ne s’est toujours pas présenté », explique Bertrand Camus, directeur général Eau France de Suez.

En plus du CO2, capter des particules fines  ?

Bertrand Camus reconnaît que le groupe doit maintenant répondre à une question : « Les rejets sur le site de Colombes sont constants. Nous devons maintenant savoir si les microalgues peuvent s’adapter à des taux de pollution fluctuants ». C’est pour cela que la place d’Alésia a été choisie comme deuxième lieu d’expérimentation. Avec ses neuf points d’entrée et de sortie, ainsi qu’une fréquentation d’en moyenne 72.000 véhicules par jour, la place possède indéniablement un air pollué. Mais sa fréquentation varie en fonction des horaires de la journée, ce qui pose la question des capacités d’adaptation des microalgues.

Les équipes de Suez vont donc étudier le taux de captation du CO2 par les algues, ainsi que leur comportement face à des polluants atmosphériques comme le dioxyde d’azote (NOx) et le monoxyde de carbone (CO), ou des microparticules telle que du dioxyde de souffre (SO2).
La mairie de Paris a donné son accord pour l’expérimentation, sous certaines conditions. « Le projet est assuré par Suez, la ville n’a rien eu à débourser. Les travaux se sont résumés à l’installation de la colonne et son raccordement au réseau d’eau potable et aux égouts », précise-t-on au cabinet de Célia Blauel, adjointe à la mairie de Paris en charge de l’environnement.

D’après Bertrand Camus, la capacité de captation du CO2 de la colonne équivaut à la capacité de cent arbres, soit une tonne de CO2 absorbé chaque année.

Le tout installé dans un dispositif d’un mètre de diamètre pour trois mètres de haut. « Cette forme de colonne est la plus optimale pour capter la circulation de l’air, mais on peut imaginer n’importe quelle forme pour ce dispositif. Par exemple, un écran s’il faut s’adapter aux parois d’un tunnel », expose le représentant de Suez.

Transformer les algues en biométhane

Si les actuels résultats de captation de l’air sont pour l’instant probants sur le site de Colombes, d’autres tests sont encore à effectuer. Les microalgues en fin de vie sont censées transiter via le réseau d’assainissement jusqu’à une station d’épuration pour être transformées en biométhane et alimenter le réseau de gaz de ville. Bertrand Camus s’interroge désormais sur « le potentiel impact des particules fines de la place d’Alésia sur ce processus de méthanisation ». Un premier bilan est prévu en septembre, pour un verdict final « début 2018 ».

Faut-il y voir les prémices d’une forêt de « puits de carbone » en Ile-de-France pour remplacer les arbres ? Certainement pas, d’après la Mairie de Paris : « Il n’y a aucune perspective de déploiement ou d’achat de ces colonnes. Nous nous situons dans une démarche d’accompagnement d’innovation ». Même prudence du côté de Suez, qui visualise ces puits au sein de sites industriels, ainsi que des sorties de parking ou des tunnels. En somme, un substitut aux arbres lorsqu’il n’y a pas moyen d’en planter….

Source  : https://www.lesechos.fr/2017/08/a-paris-une-colonne-depolluante-a-base-dalgues-pour-ameliorer-la-qualite-de-lair-180920

Vidéos : https://www.fermentalg.com/solutions/purification-dair/?lang=fr